Commanderie d'hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem dite commanderie de Condat

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Condat-sur-Vézère

La commanderie de Condat est fondée par l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem sans doute dès le XIIe siècle ou au plus tard au début du XIIIe. La première trace écrite de la présence de frères hospitaliers de l'ordre se trouve dans une charte datée de septembre 1239 et passée entre l'évêque de Périgueux, Pierre de Saint-Astier, et l'un des archidiacres du diocèse, Guillaume de Salagnac, dans la commanderie de Condat ("in hospitali de Condato"). Le premier acte faisant état d'un commandeur à Condat date, quant à lui, de 1291. Une première "maison" est érigée au cours de cette période, comprenant une tour maîtresse bordant le ruisseau Coly, à l'est, à laquelle est adossé un corps de logis quadrangulaire abritant une salle seigneuriale, à l'ouest, selon une disposition qui se voyait au château des évêques de Périgueux à Plazac ou encore au château de La Salle à Saint-Léon-sur-Vézère. Selon une charte de coutumes accordée par le grand prieur de Saint-Gilles aux habitants de Condat, le 9 février 1308, le commandeur détenait alors la basse et moyenne justice seigneuriale sur la paroisse.

En 1315, le Grand Prieuré de Saint-Gilles est scindé en deux : la partie occidentale, formée du Haut-Languedoc, de la Guyenne, de la Gascogne, de la Bigorre, de la Biscaye et du comté de Foix en est détachée pour former le Grand Prieuré de Toulouse, dont dépend Condat. Les Anglais assiègent Condat en 1373. En 1376, les vicomtes de Turenne remettent la haute justice à la commanderie de Condat ; à partir de ce moment, celle-ci est titulaire d'une seigneurie spirituelle, justicière, foncière et banale. Le commandeur, investi du titre de comte de Condat, siège dans une des salles de la commanderie qui fait office de tribunal. Le rôle du commandeur était à la fois celui d'un administrateur, d'un responsable religieux et d'une autorité civile. Un régisseur suppléait le commandeur dans toutes ses tâches de gestion. Les revenus de la commanderie étaient envoyés au Grand Prieur de Toulouse qui en versait la plus grande partie au trésor de l'ordre. Il était aussi responsable de la bonne exécution du service religieux, de l'entretien de l'église Saint-Blaise et du cimetière paroissial. Au plus fort du conflit armé opposant la couronne de France à la dynastie Plantagenêt, la commanderie, l'église Saint-Blaise et l'ensemble du village de Condat font l'objet d'une remise en défense, ce qui ne les a pas empêché de faire l'objet de destructions, sans doute aux environs de 1398-1399, avant ou pendant le siège de Montignac.

Au sortir de la guerre de Cent Ans, les bâtiments font l'objet d'importants travaux de remise en état. A la toute fin du XVe siècle ou au début du suivant, la tour-maîtresse, l'édifice le plus touché, est réédifiée presque de fond en comble et dotée d'un chemin de ronde sommital crénelé sur mâchicoulis, avec le corps de logis attenant, soit par Jean de Léoncel (commandeur de 1489 à 1499), soit par François Flotte (de 1501 à 1519).

Toutefois, la plupart des bâtiments de la commanderie (l'église, les moulins, la "maillerie", les ponts, le port, la pêcherie, etc.) sont réédifiés à partir de 1545 par le commandeur François de Touchebœuf-Clermont. Cette campagne de travaux concerne surtout le corps de logis principal, qui est agrandi, embelli et mis au goût du jour, notamment par l'ajout d'un nouvel escalier rampe sur rampe dans un pavillon de plan rectangulaire et l'établissement d'un pont reliant directement le logis au vaste jardin d'agrément situé au sud. Celui-ci, qui comprend une partie plantée en vignes, est doté à cet endroit comme il est habituel d'un "beau grand" colombier de plan carré sur piles couvert d'ardoises.

Occupée et pillée par les protestants dans les années 1570 et 1580, la commanderie est reprise en main par un nouveau commandeur, André de Martin-Puyloubier, qui entreprend la remise en état des bâtiments, tout spécialement de la "grande tour" orientale en 1588, puis encore en 1595 et 1605.

Les premières années du XVIIe siècle sont consacrées à une remise en état générale du château et des dépendances. Dans les années 1680, une nouvelle campagne de restauration importante, touchant notamment la façade sud de la demeure, est entreprise par le commandeur Henri de Thomas de Lavalette. Enfin, on peut citer la campagne de travaux réalisée par le commandeur Armand de Bourbon-Malauze à partir de 1731, qui modernise le corps de logis et se consacre à la replantation du jardin. C'est sans doute à la fin de ces travaux de grande ampleur que le commandeur fait lever le plan du bourg par le "sieur de Turgis", vers 1738 - au plus tard en 1741, date de la mort du commandeur Bourbon-Malauze dont les armes figurent dans un cartouche du plan.

La commanderie de Condat devient la maison principale de l'ordre de Saint-Jean en Périgord au cours du XVIIIe siècle, et ce jusqu'à la Révolution, où ses biens sont vendus comme biens nationaux. En 1828, l'ancienne commanderie passe aux mains du comte de Mirandol. Ses héritiers vendent l'ensemble en 1951 aux derniers propriétaires, les Chabrelie, commercialisant la noix. Le grand moulin accueille logiquement une minoterie pour l'exploitation de noix, mais le château subit des destructions et transformations importantes liées à son nouvel usage industriel.

Périodes

Principale : 12e siècle, 1er quart 13e siècle

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Principale : 2e quart 16e siècle (daté par source)

Secondaire : 4e quart 17e siècle (daté par source)

Principale : 2e quart 18e siècle (daté par source)

Secondaire : 19e siècle

Secondaire : 20e siècle

Dates

1545, daté par source

1588, daté par source

Auteurs Auteur : Touchebœuf-Clermont François de

Commandeur et comte de Condat de 1543 à 1554.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Martin-Puyloubier André de

Commandeur et comte de Condat de 1586 à 1606.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Thomas de Lavalette Henri de , auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Dufraysse Etienne

"Architecte" du marquis de Hautefort dans la seconde moitié du XVIIe siècle : il intervient notamment pour la construction de l'hôpital d'Hautefort et propose un projet pour la reconstruction du pont de Montignac. C'est sans doute lui qui est appelé à Condat pour refaire (en partie) la façade sud du logis du commandeur : le 6 mai 1681, après avoir passé deux jours sur place et avoir dresser un plan des travaux à faire, il en rédige un procès-verbal (Arch. départ. de la Haute-Garonne, 1H Malte Reg. 557 : "Améliorissement" de la commanderie de Condat, 18-29 février 1690, mention).

, architecte (attribution par source)

La commanderie hospitalière de Condat était un véritable domaine agricole et industriel. Le site a su conserver son unité au cours des siècles ; l'ensemble est composé d'un grand corps de logis, appelé "château" dans les textes, complété d'un vivier, d'un jardin et de communs, de l'église, et de diverses installations le long du canal de dérivation du Coly. Au sud se trouvait la "maillerie" construite en 1614, aujourd'hui disparue, au nord et à côté de l'église le grand moulin à trois paires de meules, enfin le petit moulin à blé donnant sur la Vézère, dont la paire de meules était actionnée par le déversoir de son voisin. Dans le prolongement du grand moulin se trouvaient les fours banaux. Enfin, devant l'église et entre les deux moulins se situait l'ancien presbytère, un corps de logis Renaissance avec escalier en vis hors-œuvre, en partie détruit en 1915 suite à un incendie.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Condat-sur-Vézère

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: (1825 A1 475, 483, 485, 486, 497, 498, 546 à 552, 563), (1986 AB 8, 10, 18, 20, 39, 46, 227)

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